AOUSTE



Lacroix : Statistiques du département de la Drôme 1835



AOUSTE



AOUSTE ou AOSTE (Augusta Vocontiorum). - Le bourg d'Aouste, d'une population de 1,148 individus, est traversé par la grande route de Valence à Gap ; il est généralement mal bâti. Contigu, en quelque sorte, à la ville de Crest, dont il n'est distant que de 2 kilomètres, il participe à l'activité, à l'aisance et à l'industrie de cette dernière commune. Il y a des papeteries, des fours à chaux, et plusieurs préparations des ouvrages qui se fabriquent à Crest se font à Aouste. Il y a trois foires par an. Son territoire est baigné par les eaux de la Drome, et arrosé par un canal dérivé de la rivière de Gervanne, dont les eaux font mouvoir plusieurs artifices et notamment des papeteries.
Aouste était une des colonies militaires établies chez les Voconces sous le règne d'Auguste. L'Itinéraire d'Antonin, la Table Théodosienne et l'Anonyme de Ravenne en font mention, et la placent entre Die et Valence. Tout porte à croire que c'était alors une ville de quelque importance, avec d'autant plus de raison, que les lieux auxquels l'empereur Auguste permettait de prendre son nom étaient ordinairement considérables et protégés par lui. A quelle catastrophe doit-on imputer les désastres d'Augusta ? Ses habitans sont-ils venus s'établir à Crest, qui, s'il ne s'est pas entièrement élevé sur les ruines de cette cité, a du moins profité de sa décadence ? Les anciens documens ne contiennent à cet égard rien de positif.
Aouste a soutenu plusieurs siéges pendant les troubles civils et religieux, notamment en 1277, dans la guerre entre l'évêque de Valence et le comte de Valentinois, et en 1586, contre Lesdiguières, qui s'en empara, et contint de là les troupes renfermées dans la tour de Crest.
On voit derrière l'église, engagé dans un mur, un autel antique sur lequel on lit l'inscription suivante :
D. M. ET QVIETI AETER SEGVDIAE MAXI MILLAE FRONTIA MARCIANE FIL ET CL. PRIMA NVS GENER PONENDVM CVRAVERVNT ET SVB ASCIA DEDICAVERVNT
Aux Dieux Mânes et à l'éternel repos de Segudia Maximilla. Sa fille Frontia Marciane et son gendre Claudius Primanus ont pris soin de placer ce monument, et de le dédier sub asciâ.
La figure de l'ascia est gravée entre les deux sigles, et les caractères de l'inscription sont d'une exécution parfaite.
Claude-François Achard, médecin, né à Marseille en 1758 et mort en 1809, était fils de Joseph Achard, d'Aouste. Il fut secrétaire de l'académie et bibliothécaire de la ville de Marseille. Il est auteur 1° du Dictionnaire de la Provence et du Comtat-Venaissin, in-4°, 1787 ; 2° de la Description historique, géographique et topographique de la Provence et du Comtat-Venaissin, in-4°, ibid. ; 3° du Tableau de Marseille, 1 vol. in-8° ; 4° du Bulletin des sociétés savantes de Marseille et du midi, 1802 ; 5° et du Cours élémentaire de bibliographie, ou la Science du bibliothécaire, 3 vol. in-8°.

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